Si ce projet fait un pas de côté par rapport à mes préoccupations habituelles, il n'en n’est pas moins la suite logique de procédés techniques déjà mis en œuvre précédemment, en particulier les images sur verre type orotone de la Noche Oscura. D’autre part, il s’agit d’un constat tout à fait contemporain quant au rapport intime que nous entretenons aux images.
Il s'agit d'une série de petites images sur verre format téléphone portable et tablettes sur verre et gélatine photo-argentique. Ce format de manière surprenante évoquent également le format des photos cartes du XIXème siècle avec leur coins arrondis. Ce projet est né de la nécessité d’extraire certaines images de ce flux continu, de les matérialiser, bref de les sortir du disque dur... Ces images jouent de leur statut ambiguë entre ancien et contemporain.
Photos envoyées, photos reçues, prises de notes, captures d’écrans, les images gardées par nos téléphones portables de manière continuelle, se retrouvent équivalentes les unes aux autres, constituant un journal en temps réel, un appendice de notre mémoire. La/les photo/s du chat, des paysages en passant par la capture de google maps, la photo d’un repas mémorable sur un bord de route, un fragment gardé dans une exposition, le chemin de la soirée, le dernier jour de mer, une fleur, le temps qu’il fait ici et là...
"La photographie renoue dès lors avec l’une de ses fonctions premières : s’activer tel un système de « notation », ou un « instrument de la vision rapide », capable de saisir instantanément ce qui nous traverse, nous interpelle et nous entoure. Plus qu’un simple lieu de « stockage, de compilation scrupuleuse, ou de fichage minutieux », la photo devient un petit lexique de nos existences et documente des séquences de vie, comme un appendice de notre mémoire." François Salmeron, « Chroniques de verre » Janvier-Mars 2022
Série réalisée grace au soutien de la Fondation Bilbao Arte et de la Région Centre-Val-de-Loire